Si vous avez l’impression de subir un quotidien stressant, laissez-vous tenter par cette nouvelle lecture. Une pause douceur en compagnie de Durian Sukegawa…
Nous vous présentons aujourd’hui Les Délices de Tokyo.
L’histoire, le résumé
Sentarô tient une échoppe de dorayaki (une pâtisserie nippone) en plein cœur de Tokyo. Vivotant tant bien que mal, il fait son travail sans cœur, les jours se ressemblant tous. Tout ce qu’il espère ? Pouvoir mettre assez d’argent de côté pour rembourser la dette qu’il a envers sa patronne.
« Sentarô s’absorba un instant dans leur contemplation. Puis, comme subjugué, il porta la tasse à ses lèvres. Le parfum des fleurs était puissant. On aurait dit qu’un cerisier avait fleuri dans sa bouche aussi. Et, en même temps, une agréable saveur salée parcourut son palais. » (page 188)
Mais un jour, tout change… Il suffit que Tokue, une grand-mère aux doigts déformés, surgisse dans sa vie, pour chambouler toute son existence. Plutôt que d’utiliser de la pâte de haricots confits industrielle, l’aïeule lui apprend à les préparer, les cuisiner, les écouter. Grâce à elle, les ventes de dorayaki décollent et l’espoir renaît…
Parce que Les délices de Tokyo, c’est avant tout une histoire d’amitié. D’abord entre Tokue et Sentarô, ainsi que Wakana, une lycéenne un peu perdue. Mais surtout entre soi et le monde qui nous entoure.
« Dès lors, tout m’est apparu sous un nouveau jour. Sans moi, cette pleine lune n’existait pas. Les arbres non plus. Ni le vent. Sans le regard que j’étais, toutes les choses que je voyais disparaîtraient. C’était tout simple. […] Nous sommes nés pour regarder ce monde, pour l’écouter. C’est tout ce qu’il demande. » (page 208)
Durian Sukegawa signe un hymne à la lenteur
Avec ce véritable conte des temps modernes, empreint de douceur et de poésie, Durian Sukegawa signe un hymne à la lenteur. Prenant le contrepied du tumulte du quotidien, il nous offre ainsi une pause pour apprendre à voir et à écouter.
« Voilà pourquoi j’ai essayé d’être « à l’écoute ». Je crois que l’homme est un être vivant doué de cette force. Et de temps en temps, j’ai « entendu ». Les oiseaux qui viennent au Tenshôen, les insectes, les arbres, les plantes, les fleurs. Le vent, la pluie et la lumière. La lune. Tous possèdent leurs propres mots, j’en suis convaincue. Les écouter suffit à nous combler. Etre dans la forêt du Tenshôen est suffisant, car le monde s’y trouve. La nuit, il suffit de tendre l’oreille au murmure des étoiles pour sentir le cours de l’éternité. » (page 174)
Durian Sukegawa nous confie l’histoire de ces personnages abîmés, avec pudeur. Il nous livre le rapport sensuel, presque charnel, qu’entretiennent Sentarô et Tokue avec les haricots azuki. Puis avec le vent, les arbres, la lune… Il nous évoque également les sentiments de honte, de solitude, que connaissent certains, mis au ban de la société pour des raisons diverses. Mais surtout, il nous parle de résilience et d’espoir.
Durian Sukegawa, Les délices de Tokyo, Albin Michel, 17.50€ (disponible au Livre de poche, 6.90€)
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