Tous les responsables politiques qui, mus par un réflexe quasi-pavlovien, réclament à cors et à cris du numérique pour l’école devraient lire cet ouvrage. A coups d’arguments massues, Philippe Bihouix et Karine Mauvilly défont petit à petit, méthodiquement, les quelques arguments militant en faveur de l’introduction du numérique à l’école. L’entreprise de destruction est en l’occurrence on ne peut plus convaincante. A la fin, il ne reste plus grand-chose de l’illusion qui consiste à affirmer que le numérique pour tous et la connexion pour tous résoudront comme par magie les problèmes récurrents de la société française.
Cette surenchère au tout technologique est une erreur qui coûte cher ici et là-bas. Ici, chez les élèves : sommeil de mauvaise qualité, perte du sens de l’effort, de mémorisation et de la culture, appauvrissement des connaissances et du vocabulaire, création d’emplois nulle, risque d’exposition aux ondes électromagnétiques… Là-bas, c’est-à-dire dans les pays où l’on exploite les métaux rares nécessaires à la fabrication de nos joujoux technologiques : désastre environnemental, exploitation des pauvres et des enfants, pillage des ressources.
Le désastre de l’école numérique est un plaidoyer pour une école sans écrans, ce que du reste les maîtres des GAFA ont bien compris, eux qui prennent bien soin de placer leurs chères têtes blondes dans des écoles où la technologie est rare. Il y a peu, Alain Bentolila, professeur de linguistique, se demandait comment nous étions devenus si cons (sic !). Eh bien les auteurs du Désastre de l’école numérique donnent une bonne partie de la réponse.
Philippe Bihouix & Karine Mauvilly, Le désastre de l’école numérique, Seuil, 2016, 230 pages, 17 €
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