Continuons à égrener les mois de notre calendrier républicain. Thermidor le bien nommé pour évoquer la chaleur du mois d’Août.
Au jardin, quand la canicule pointe avec ses 20°C la nuit et plus de 30 la journée, je ne peux empêcher les alexandrins de Leconte de Lisle de me revenir en mémoire :
Midi, Roi des étés, épandu sur la plaine,
Tombe en nappes d’argent des hauteurs du ciel bleu.
Tout se tait. L’air flamboie et brûle sans haleine.
Au temps de mon enfance et… des glanes, les étés étaient très chauds…
Les oncles et tantes faisaient la sieste avant de « repartir aux champs ». C’était ce moment que choisissaient les renards pour visiter les cours, les prés où picoraient les volailles. Mais ils n’étaient pas les seuls, les éperviers les guettaient aussi et le cri « hou la buse ! » troublait le lourd silence. Et les hommes arrivaient avec le fusil mais il n’y eut jamais de cadavre, sauf celui d’une renarde que j’ai toujours devant les yeux : son meurtrier la tenait par la queue et son lait coulait de ses mamelles… Et je pensais aux renardeaux qui allaient attendre en vain le retour de la mère et mourir de faim : premier drame pour l’enfant que j’étais… (Les oncles n’y étaient pour rien : heureusement, c’était un voisin.)
Les soirées sur les bancs devant les maisons amenaient un peu de fraîcheur… Parfois la poussière turbinait sur la route (par encore goudronnée), c’était l’annonce d’un orage et les éclairs de chaleur, qui zébraient le ciel, laissaient la place aux grands zigs zags blancs, verticaux et le tonnerre qui grondait au loin se rapprochait.
Le jardin d’août : le temps des récoltes
Le jardin en août bourdonne d’insectes affairés. Le jardinier peut récolter fruits et légumes, derniers pois, haricots, tomates (les délicieuses variétés anciennes à la peau si fine : Roses de Berne, Noires de Crimée, Cœurs de bœuf…). Les petites tomates cerises, rouges, jaunes, noires qui se dégustent pour calmer la soif quand on passe devant leurs pieds. Les salades sont appréciées, on croque même leurs feuilles tendres sans vinaigrette.
Les Cucurbitaceae sont à l’honneur
Que dire des courgettes coupées finement et cuites avec un peu d’huile d’olive et parfumée au persil et à l’ail ? On peut même ajouter un ou deux œufs que l’on y brouille.
Les fleurs de la courgette peuvent se farcir mais attention elles sont fragiles. Elles sont également délicieuses frites (régale de notre ancien président Nicolas Sarkozy). De cette famille n’oublions pas les concombres coupés finement et salés, ils rejettent leur eau et se digèrent plus facilement.
Les courges et portions grossissent. N’oubliez pas de couper les extrémités trop longues des tiges rampant dans l’herbe, les fruits n’en seront que plus gros.
Quand les récoles sont abondantes, faites preuve de générosité envers vos voisins, donnez-leur le surplus avec joie : cela noue des liens créateurs de petits bonheurs…
Et le verger ?
Les fruits dorés des mirabelliers commencent à mûrir : belles confitures en perspective. Les pêchés se couvrent de fruits, mais ils ne sont pas encore prêts à satisfaire les gourmands… Par contre les pommes « moisson » chargent les branches qui ploient jusqu’à terre : elles font de délicieuses compotes et quelle bonne odeur d’été que dégage le panier rempli ! Pour les compotes, ne surtout pas peler les fruits ! Otez simplement le « trognon » et cuire les quartiers avec un peu d’eau, du sucre, de la cannelle, c’est vite prêt à être passé au moulin à légume.
« Si le jour de Sainte Claire la journée est chaude et claire, comptez sur les fruits à couteau à coup sûr, ils seront beaux. »
Les petites poires de la Saint Jean sont délicieuses mais ne se conservent pas. On dit souvent « qu’il faut garder une poire pour la soif ». Bonne idée : son jus renferme une grande quantité de vitamines, de minéraux et d’oligoéléments.
Qu’en est-il du noyer ?
Les fruits des noyers, des cognassiers (originaire d’Asie Mineur), des kiwis nous annonce de futurs récoltes.
Le noyer a suscité depuis toujours de nombreuses légendes : on dit qu’il n’est jamais touché par la foudre, qu’il abritait le sabbat des sorcières et qu’il est dangereux de rester sous son ombre (son feuillage trop épais est froid). Continuons la légende : ses rameaux coupés la nuit de la Saint Jean et durcis au feu « porte bonheur ». Il est le symbole de Proserpine, déesse romaine des Enfers.
Mais les noix vertes cueillies pour la Saint Jean coupées en quatre et macérées dans le vin pendant 40 jours, donnent, après ajout de l’alcool, un apéritif délicieux et bio (NDLR : recette possible à obtenir en contactant Irène par la rédaction). Et les noix sèches donnent une huile odorante. Les anciennes se cassent pour les oiseaux l’hiver.
Les petits fruits sont aussi de la fête…
Les baies, groseilles et framboises, ont servi aux gelées. Les framboisiers « remontants » donneront une seconde récolte plus tard, tout comme les fraisiers.
Les maquereaux ou « gros ballons » qui éclatent sous la dent sont mûrs, les casseilles (cassis/groseilles) aussi, leur peau épaisse est très bonne. Il en reste suffisamment en août.
De belles fleurs dans le jardin d’août…
Les légumes nombreux ne doivent pas faire oublier les fleurs. Passiflores, lavatères rose ou blanc-rose, hibiscus roses, violets, bleus, blancs, roses trémières rappelant l’Île d’Yeu, hortensias, fleurs de Bretagne ou de Biarritz, clématites roses, bleues, et les nénuphars sur les plans d’eau qui rivalisent avec Les Nymphéas de Monet à Giverny.
Prenez du temps…
Promenez-vous de temps en temps au jardin, sans but, en profitant du moment pour observer les insectes et ne rien faire… Le temps en compte plus : vivre l’instant présent calme les soucis, la nervosité.
Les hirondelles, moins nombreuses ces dernières années « rasent du bout de l’aile l’eau dormante des marais », disait Lamartine. Quand elles volent au ras de terre, à la poursuite des insectes c’est un signe de mauvais temps annoncé. Il est bien quand il y a un garage de percer une ouverture en haut des portes. Ce qu’elles préféraient autrefois c’étaient les écuries, les granges, les hangars. On aimait les revoir au printemps occuper à nouveau leurs vieux nid : c’était un signe de bonheur. Mais avec les pesticides dans les cultures que vont devenir nos petits insectivores ? Une hirondelle avale plusieurs fois son poids d’insectes !
Quelques conseils pour le mois d’août dans votre jardin
Par ces temps de canicule, quel travail le soir ou tôt le matin à la fraîche pour arroser potager et fleurs du jardin. Si vous possédez des bacs à réserve d’eau de pluie, l’arrosage avec l’eau tiédie n’en est que préférable et si vous avez un puits ou une citerne c’est l’idéal et en plus, quelle économie !
Mais si les tuyaux d’arrosage sont très pratiques sur leur dérouleur, pensez qu’un arrosoir sera toujours indispensable. L’arrosoir en fer étamé fait un retour bien mérité : il décore partout où il se trouve. Pourtant, n’oubliez pas les arrosoirs aux couleurs vives… ils sont plus légers.
On a coutume de dire qu’en août les choses commencent plus qu’elles ne finissent ! Semez les roses trémières et les campanules, repiquées en pleine terre cet automne, elles fleuriront au printemps prochain.
Si vous avez une treille ou quelques pieds de vigne, surveillez bien les grappes : cette année quelle précocité, les graines virent déjà ! N’oubliez pas de couper les longs prampes qui ombragent les grappes et retardent le mûrissement. Avec ce temps si chaud et sec inutile de sulfater : oïdium et mildiou ont épargnés les ceps. Mais par contre, souffrez les plans de concombres, courgettes, courges... revêtus d’une poudre blanche (l’oïdium). Les dahlias aussi, qui commencent leur floraison, peuvent s’encouvrir ainsi que les phlox si sensibles à cette maladie, et les roses trémières aussi.
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